Pour tout amateur de musique habitant près d’une grande ville, la fête de la Musique est une bonne occasion de découvrir de nouveaux groupes et musiques, ou plus simplement de passer une bonne soirée avec des concerts gratuits et de la bière (qui elle n’est pas gratuite malheureusement).

Cette cuvée 2008 parisienne aura été particulièrement prolifique pour ma part, avec pas moins de trois groupes qui ont attiré mon attention. Parti avec un pote, sans direction précise, nous avons commencé cette soirée par la place de Jussieu. Endroit accueillant depuis quelques années déjà des concerts de metal extrême, Jussieu voyait se produire cinq groupes de metal de divers styles. Pour ma part, je n’ai assisté qu’au concert de Moonwrath, petit groupe de metal symphonique venant de Clermont. Porté par des influences néo-classiques soulignées par un très bon clavier, les musiciens picards sont visiblement contents d’être là et s’en donnent à cœur joie devant un public d’une petite centaine de personnes. Malgré l’appellation symphonique, leur musique est très typée extrême et le chant black est là pour nous le rappeler. Assez criard dans la forme, il ne fera pas fuir les amateurs du genre, mais provoque tout de même la stupéfaction de quelques passants, guère habitués à un tel déchainement vocal. Les parties chant clair sont malheureusement nettement moins réussies, d’autant plus qu’elles se retrouvent noyées sous les guitares. A écouter sur album pour se faire une idée plus précise sur la valeur du groupe, qui n’a pas cependant démérité ce soir-là.

Quelques centaines de mètres plus loin, un groupe se produisant dans la rue des Ecoles (pour ceux qui connaissent) attire notre attention par une reprise très musclée de « The Final Countdown ». Si la version originale n’est certes pas une chanson de variétés, sa reprise par Hévius a une pêche phénoménale, poussée par des riffs très accrocheurs. Si le chanteur est loin du cliché de metalleux avec son t-shirt coloré, la première impression est vite balayée par les qualités vocales de ce dernier. Se comportant en vrai frontman, il harangue un public d'une trentaine de personnes, dont quelques fans totalement acquis à la cause. Ce sera d'ailleurs le cas de la majorité des gens à la fin du concert, qui reprennent en chœur le refrain de l'hymne "Nous sommes des rois". Le groupe dégage une énergie folle et voir des musiciens en telle communion avec leur public fait plaisir à voir.

Enfin, nous nous dirigeons vers un attroupement à un croisement de deux petites rues. Un public large et hétéroclite se presse pour écouter jouer un groupe instrumental, qui plus est de heavy metal, répondant au doux nom de Willow. Le temps passe et les titres s'enchaînent, révélant une musique très technique, mais qui à aucun moment ne vire à la démonstration. Cette impression est renforcée par l’attitude très zen des membres du groupe, qui donne lieu à quelques scènes amusantes, notamment un solo de batterie tandis que les autres membres boivent un coup sur le côté de la scène ! Les interludes entre les morceaux sont l’occasion pour le lead guitariste de sortir quelques plaisanteries, le tout dans une ambiance bonne enfant. Ajoutez à cela une durée de concert de près de 3 heures (je n’aurais donc vu que la moitié) devant un public très nombreux et enthousiaste…Le seul bémol du concert provient du succès rencontré par le groupe, qui entraîne un blocage des petites rues. Malgré ça, plusieurs imbéciles voudront absolument passer en voiture, manquant parfois de rentrer dans les personnes du public, dont moi-même. En résumé, Willow propose un heavy metal efficace et technique, avec des influences psychédéliques seventies « floydiennes » juste comme il faut. Assurément le coup de cœur de cette soirée pour ma part.